Violences sexistes et sexuelles

Violences sexistes et sexuelles, de quoi parle-t-on?

Les violences sexistes consistent en «tout acte, comportement ou propos, individuel ou collectif, qui est l’expression des rapports de genre et des relations de pouvoir qui en découlent, et qui provoque, ou est susceptible de provoquer, des préjudices ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques» (Loi sur l’égalité et la lutte contre les discriminations liées au sexe et au genre (LED-Genre), art.3). Les violences sexuelles se définissent quant à elles comme tout acte d'ordre sexuel accompli sans le consentement libre, éclairé et explicite ("oui c'est oui") des personnes impliquées.

Les violences sexistes et sexuelles sont donc des violences de genre qui touchent plus spécifiquement et de manière écrasante les femmes, les personnes LGBTQIA+ ainsi que les personnes dont l'expression de genre ne correspond pas aux normes dominantes. Manifestation des rapports de pouvoir et de domination, les violences sexistes et sexuelles sont commises à la faveur et à l'intersection de plusieurs systèmes d'oppression: racisme, validisme/capacitisme, cisnormativité, hétéronormativité, âgisme, etc.

Le continuum des violences

Dévalorisation, harcèlement, stéréotypes sexistes, viol, etc.: les violences sexistes et sexuelles ne constituent pas des actes isolés, mais s'inscrivent dans un continuum. Ce terme désigne l'étendue et la variété (Kelly, 1989) [1] des expériences de violences vécues. Parler de continuum des violences sexistes et sexuelles, c'est reconnaître et rendre visible le lien fondamental qui existe entre toutes ces formes de violences, qu'elles soient banalisées ou reconnues comme extrêmes par la société. Pour ces raisons, les efforts de prévention doivent nécessairement prendre en compte et prendre au sérieux toutes les formes de violences sexistes et sexuelles, sans distinction.

Quelques chiffres

De manière générale, on constate un manque de données globales sur les violences sexistes et sexuelles et sur les dimensions intersectionnelles des violences. Certaines formes de violences ne sont tout simplement pas recensées, ou ne font pas l'objet d'une analyse en termes de genre ou sous l'angle d'autres discriminations ; tandis que pour d'autres, seule une faible proportion des cas est recensée dans les statistiques officielles. Malgré ces limites, les chiffres issus de différentes études et enquêtes confirment l'ampleur du phénomène et sa dimension genrée et intersectionnelle.
Ainsi,

Au niveau mondial

  • Près d’une femme sur trois (30%) a subi des violences physiques ou sexuelles dans le cadre d'une relation intime, ou des violences sexuelles dans un autre cadre, ou les deux, au cours de sa vie [2].Ce chiffre ne tient pas compte du harcèlement.
  • 81 000 femmes et filles ont été tuées en 2020, dont environ 47 000 (58%) dans un cadre intime et familial. Cela correspond en moyenne à un féminicide toutes les 11 minutes [3].

Dans l'Union européenne

  • Une femme sur cinq a subi au moins une forme de stalking depuis l’âge de 15 ans [4].
  • Un peu plus d’une femme sur 10 a subi une forme de violence sexuelle perpétrée par un adulte avant l’âge de 15 ans [5].

Aux Etats-Unis

  • Près de la moitié des personnes trans* a subi une forme de harcèlement transphobe dans l'année écoulée. Près de la moitié a subi des violences sexuelles au cours de sa vie, et plus de la moitié a subi des violences dans le cadre d'une relation intime [6]. De plus, l'ampleur des discriminations recensées est encore plus importante pour les personnes qui vivent plusieurs expériences simultanées de discrimination (liées à la race, au statut légal ou encore au handicap).

En Suisse

  • 15 féminicides et 5 tentatives de féminicides ont été recensés en 2022. Entre le 1er janvier et le 1er octobre 2023, 16 féminicides ont été commis ainsi que 3 tentatives [7].
  • En 2022, 134 crimes de haine ont été recensés par la LGBTIQ+-hotline à l'encontre de personnes LGBTQIA+ (près du double de l'année précédente). En moyenne, près de trois crimes de haine ont été signalés chaque semaine. 80% des cas concernent des violences verbales, et 20% des violences physiques. Près d'un tiers des cas concernent des personnes trans* [8].
  • 59% de femmes ont déjà fait l’expérience de contacts, étreintes ou baisers non souhaités à partir de l'âge de 16 ans [9].
  • En 2022, 70% des victimes de violences domestiques enregistrées par la police en Suisse étaient des femmes ou des filles [10].

A Genève

  • 81% des victimes majeures de violences domestiques prises en charge par le réseau genevois en 2022 sont des femmes [11].
  • S'agissant des violences sexuelles, 88% des victimes majeures et 82% des victimes mineures de violences sexuelles prises en charge sont des femmes [12].

Ces chiffres sont révélateurs de l'étendue et de la diversité des expériences de violences. Loin d'être des faits isolés, relevant des relations entre individus, les violences sexistes et sexuelles sont bien un phénomène structurel et un problème de société.

Que l'on soit victime, auteur, ou témoin de violences ;
Que l'on pense que cela nous concerne ou non;
Il existe de nombreuses ressources pour s'informer, obtenir de l'aide ou contribuer au travail de sensibilisation.

Pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles!


  1. Liz Kelly, «Le continuum de la violence sexuelle», Cahiers du Genre, vol. 66, no. 1, 2019, pp. 17-36.
  2. Violence against women prevalence estimates, 2018 : global, regional and national prevalence estimates for intimate partner violence against women and global and regional prevalence estimates for non-partner sexual violence against women, World Health Organization : Geneva, 2021.
  3. Killings of women and girls by their intimate partner or other family members: global estimates 2020, UNODC, 2021.
  4. Violence à l’égard des femmes : une enquête à l’échelle de l’UE, Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, 2014.
  5. Ibid.
  6. Sandy E. James, Jody L. Herman, Susan Rankin, Mara Keisling, Lisa Mottet, and Ma'ayan Anafi, Executive Summary of the Report of the 2015 U.S. Transgender Survey , Washington, DC : National Center for Transgender Equality, 2016.
  7. Stop Femizid * Rechercheprojekt Femizide in der Schweiz — Stop Femizid.
  8. Samson Rentsch, Roman Heggli, Alessandra Widmer, Alecs Recher, Rapport sur les crimes de haine 2023 : rapport sur le monitoring de la discrimination et de la violence anti-LGBTQ en Suisse en 2022, 17 mai 2023.
  9. Cloé Jans, Lukas Golder, Aaron Venetz, Sondage sur les violences sexuelles, Institut gfs.bern, 2019.
  10. OFS, Statistiques policières de la criminalité 2022.
  11. La violence domestique en chiffres, année 2022, OCSTAT, 2023.
  12. Ibid.

A télécharger

Contacts

Etat de Genève
Bureau de promotion de l'égalité et de prévention des violences (BPEV)
T. +41 (0)22 388 74 50
egalite@etat.ge.ch

Ville de Genève
Service Agenda 21-Ville durable
Héloïse Roman
Chargée de projets égalité
heloise.roman@ville-ge.ch