Lors de son séjour à Genève en octobre 2016, à l’invitation du Festival Everybody’s Perfect, l’artiste Paul Harfleet a planté plusieurs pensées à la demande de victimes de violences homophobes et transphobes. Ces six photos-récits, choisis pour la campagne «Des pensées contre l’homophobie et la transphobie» de la Ville de Genève, sont tirés de ces rencontres. Retrouvez d’autres pensées dans le film «Pansy Project Geneva»
«Loïc a voulu partager son expérience un peu particulière de l’homophobie. Nous sommes allés marcher au bord du Lac Léman, tandis qu’il me racontait son histoire. Il avait été très attristé par la réaction d’un ami proche, hétéro, quant à sa sexualité. Loïc pense, tout comme moi, que, même s’il n’a jamais eu de relation avec une femme, il pourrait en avoir un jour. Ainsi, il a dit à cet ami qu’il se considérait comme probablement bisexuel. Son ami a réagi à cette vision décomplexée de la sexualité en s’écriant : «La bisexualité ! Pourquoi pas la zoophilie?»
«Voici la Perle du Lac. C’est un lieu de drague bien connu. Camilo s’y est rendu un soir et a été abordé par deux jeunes hommes. En discutant avec eux, il a réalisé qu’ils étaient là pour des raisons différentes que lui. Alors qu’il s’en allait, l’un d’entre eux l’a frappé à la tête avec un objet. Choqué et en sang, il a appelé lui-même la police. Ce n’était qu’une des nombreuses agressions qui avaient eu lieu dans cet endroit au cours de l’été. Camilo m’a appris que les crimes de haine à caractère homophobe ne sont pas enregistrés comme tels, en Suisse. Par conséquent, la police et le système judiciaire sont incapables de traiter ces affaires correctement.»
«Steph et son amie étaient dans le tram, bavardant tranquillement, quand un homme les a abordées. Cette mésaventure est arrivée il y a quelques années déjà et Steph n’avait rien trouvé à répondre à l’époque, parce que, m’a-t-elle dit, elle se sentait alors moins à l’aise avec son identité qu’elle ne l’est aujourd’hui. Elle a souhaité que je plante une pensée pour témoigner de ce qui lui est arrivé.»
«Lors de ma deuxième journée à Genève, j’ai appris que deux violentes agressions homophobes avaient eu lieu pendant la nuit. Un couple gay, qui rentrait chez lui, avait été attaqué par quatre jeunes. Les agresseurs leur ont lancé des insultes homophobes et leur ont dit de "retourner dans le Marais", le célèbre quartier gay parisien. Les deux hommes ont fait mine de les ignorer et ont essayé de s’éloigner, mais ils ont été attaqués, roués de coups et laissés avec de nombreuses blessures. L’un d’eux a eu le nez cassé. [À l’hôpital], ils ont rencontré deux touristes allemands bouleversés et en colère. Il s’est avéré qu’eux aussi venaient de subir une agression homophobe.»
«Voici l’Usine Kugler, un centre artistique bien connu à Genève. La femme qui m’a contacté m’a dit qu’elle y avait rencontré un homme. Il était sympa et volubile. Dès le début, elle a été claire sur sa sexualité et cela n’a pas semblé le déranger. Après avoir bavardé et bu quelques verres, elle et lui sont rentré-e-s ensemble. Il pleuvait fort et l’homme lui a proposé de venir se sécher chez lui. Elle s’est évanouie. À son réveil, il était sur elle. Il l’a violée brutalement, en lui disant qu’il allait la "rendre hétéro".»
«J’ai rencontré Jessy, une femme trans dont la vie est remplie d’épreuves complexes. Jessy a grandi dans un camp de réfugié-e-s, où elle a subi de multiples abus. Elle en est visiblement restée traumatisée, un traumatisme que l’on ne peut percevoir à travers une simple conversation. Elle est déçue et en colère contre les autorités qui ne semblent pas prendre son cas au sérieux. Elle est extrêmement vulnérable et se sent constamment menacée, alors qu’elle attend les différentes autorisations nécessaires pour pouvoir travailler et se construire une vie en Suisse.»
La Ville de Genève participe depuis 2013 à un groupe de réflexion initié par Dialogai sur la question des violences dans les lieux publics. Aux côtés de la police cantonale, de la LAVI et d’acteurs associatifs, la Ville de Genève œuvre pour améliorer la prise en charge et l’accompagnement des victimes d'agressions homophobes et transphobes.
Dans le cadre de ce travail, a été produite la brochure «Faire face aux agressions homophobes et transphobes dans les lieux publics» qui donne informations, conseils et ressources d’aide pour les victimes et leurs proches. Les illustrations de cette brochure, éditée avec le soutien de la Ville de Genève, reprennent les visuels de la campagne «Des pensées contre l’homophobie et la transphobie».
Ville de Genève
Service Agenda 21-Ville durable
Guillaume Mandicourt
Chargé de projets LGBTIQ
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